Ando Oktaviano est arrivé en Suisse en 2017, il y a rejoint sa femme et ses deux enfants. La migration et l’art sont au cœur du projet qu’il a conçu pour Résidences croisées, des thèmes qui entrent en résonance avec sa propre histoire.
Rencontre avec un artiste aux allures de jeune homme qui s’exprime avec beaucoup de douceur et ne manque pas d’humour.
Pouvez-vous me parler de votre parcours d’artiste ?
Je ne me considère pas comme un artiste. Quand j’avais 9-10 ans, j’étais fou de mangas. J’aurais adoré dessiner, mais j’ai dû me rendre à l’évidence, mes talents en la matière sont limités. J’ai grandi en Indonésie, à Jakarta et c’est la beauté de la Nature qui m’a conduit vers la prise d’images. J’ai appris la photo à l’ancienne, puis je me suis mis à la vidéo.
Comment avez-vous débuté votre carrière de photographe et vidéaste ?
Ce sont des circonstances étranges qui m’ont amené vers cette profession. Je travaillais comme enseignant de mathématiques et d’anglais quand j’ai appris que l’un de mes amis était porté disparu dans les montagnes. J’ai immédiatement démissionné de mon poste pour me joindre aux équipes de secours. A la suite de cet événement, j’ai commencé à réaliser, en tant que guide dans la nature et plongeur, des documentaires. Je suis totalement autodidacte car en Indonésie, les écoles d’art sont privées et je n’avais pas les moyens de m’y inscrire.
Quel est votre projet pour Résidences croisées ?
Au départ, je voulais réaliser un court-métrage racontant l’histoire de trois artistes migrants, mais je me suis rendu compte qu’il serait très complexe de lier trois récits. Je me suis donc concentré sur le personnage de M. Bager Sen, qui est un musicien kurde vivant au centre d’hébergement collectif de Presinge. C’est un artiviste, concerné par la condition sociale, ce qui m’intéresse particulièrement.
Qu’est-ce que l’artivisme ?
L’artivisme est un néologisme qui combine les mots « art » et « activisme ». C’est un mouvement qui utilise l’art, sous toutes ses formes, pour promouvoir des idées politiques, sociales ou environnementales. Dans son pays, M. Bager Sen a fait de la prison en raison de ses idées politiques. Pourquoi est-il ici ? Quel est son projet ? Sa personnalité m’intéresse beaucoup même si je ne partage pas toujours ses idées.
Photos extraites de la vidéo en préparation d’Ando Oktaviano
Que retirez-vous de votre expérience pour Résidences croisées ?
C’est la première fois que je réalise un tournage en solo et je vois que c’est possible. Cela m’encourage à poursuivre mon travail artistique. Ce projet m’a permis d’élargir mon réseau et de découvrir de nouveaux acteurs culturels, j’en suis très heureux. J’ai également beaucoup échangé avec les autres artistes de Résidences croisées. J’ai d’ailleurs monté un projet avec l’un d’entre eux, Fred Laser, en lui mettant à disposition des images de fonds marins prises en Indonésie.
Propos recueillis le 21 juillet 2023