Nadia Savoy a été une enfant rêveuse et très inventive, souvent qualifiée de petit cancre. Sa créativité et son imaginaire l’ont conduite plus tard à suivre les cours de l’Ecole de décors de théâtre de Genève, puis à travailler comme scénographe et plasticienne. Ses œuvres sont souvent ludiques, colorées et fourmillent de détails, des qualificatifs que l’on peut sans conteste appliquer au projet que Nadia Savoy a réalisé pour Résidences croisées. Cependant, c’est surtout la poésie qui se dégage de son dispositif et la simplicité du message qu’elle y a glissé qui vous touchent en plein cœur.
Nadia, qui sont les bénéficiaires de l’Hospice général qui ont participé à votre projet ?
En fait, je n’avais besoin que d’un-e participant-e pour mon projet. Les responsables de Résidences croisées m’ont demandé si j’avais trouvé la bonne personne, mais pour moi, il n’était pas question de faire un choix, il n’y avait ni bonne, ni moins bonne personne. Ce que je voulais, c’est mettre en lumière celle qui se présenterait, avec ses rêves et toute la beauté qui est la sienne. J’avais préparé pour l’entretien que j’aurais avec elle toute une série de questions « positives ». C’est Sam, un jeune homme dans la trentaine qui s’est inscrit, et le contact entre nous a tout de suite passé. Sam est parolier et musicien et sa personnalité m’a beaucoup touchée.
Votre idée de départ était de fabriquer une petite scène sur laquelle prendraient vie les rêves d’un-e bénéficiaire de l’Hospice général. Avez-vous conservé cette idée ?
Oui, enfin… presque ! Je ne peux pas trop en dire car j’ai réservé une petite surprise au public. La réalisation du projet a été beaucoup plus complexe que prévue. D’abord, je suis assez perfectionniste, cela veut dire que j’ai passé beaucoup de temps à fabriquer et à finaliser les petits objets qui sont sur scène, même si certains d’entre eux, je l’ai réalisé par la suite, ne sont pas visibles pour les visiteurs [rires]. Ensuite, il fallait mettre en place un petit mécanisme que le public pourra actionner s’il le souhaite. Et puis, enfin et surtout, je voulais accompagner mon dispositif d’un texte qui ne soit pas trop long afin qu’il puisse être lu aisément. J’ai pensé que je n’arriverais jamais à une version satisfaisante de ce texte.
Comment avez-vous résolu le problème ?
De façon tout à fait inattendue, surtout quand on sait que je suis une artiste qui travaille de manière artisanale et n’aime pas particulièrement le digital et l’informatique.
… c’est-à-dire ?
J’avais parlé à ma sœur du temps que me demandait la rédaction de ce texte. Elle a appelé au secours Chatgpt ! Ce logiciel dont on parle tant a produit plusieurs textes sur la base des mots clés que j’avais sélectionnés. C’est ainsi que j’ai trouvé petit à petit la bonne version.
En conclusion ?
Je vis modestement, mais j’ai tout ce qu’il me faut. Je suis heureuse quand je travaille, j’ai le sentiment de me retrouver dans ma chambre d’enfant.
Propos recueillis le 7 juillet 2023