C’est à 13 ans que MAMIZUKA a commencé à dessiner. Il a depuis exploré bien d’autres disciplines, notamment la peinture, la mode, le graphisme, la bijouterie, la sculpture et depuis quelques années, la photographie. Très déterminé, il aborde toute nouvelle discipline artistique en étudiant son histoire, les différentes techniques, ses grands représentants passés et présents. « Je travaille comme un Japonais », aime-t-il à dire en rigolant. L’artiste est en effet perfectionniste.
MAMIZUKA, pouvez-vous nous raconter dans quel contexte vous avez découvert la photographie ?
Un peu avant 2010, j’ai travaillé sur deux projets très ambitieux, l’un lié à la mode, l’autre à la presse. Pour diverses raisons, ces projets n’ont pas pu aboutir, puis j’ai rencontré des problèmes de santé. C’est à ce moment-là que je me suis mis à la photographie. Comme toujours, j’aime beaucoup me documenter lorsque je commence à m’initier à une nouvelle discipline. Je peux passer des jours et des jours à étudier sans sortir de chez moi, si ce n’est pour faire des commissions ou aller à la poste. Beaucoup de genres m’intéressent dans la photographie : la photographie conceptuelle, la photographie documentaire, le portrait, la photographie de rue, etc. Je suis, d’une manière générale, beaucoup plus attiré par les sujets graves, les histoires fortes ou émotionnelles.
Les sujets graves… C’est bien le cas de celui que vous avez choisi pour Résidences croisées, n’est-ce pas ?
Oui, en effet. Je raconte l’histoire d’un homme qui souffre de troubles du stress post-traumatique (TSPT). Je tiens à préciser que mon sujet est basé sur une histoire vraie, qui m’a été racontée par un bénéficiaire de l’Hospice général que j’ai interviewé, mais que la personne qui est photographiée n’est pas ce bénéficiaire, c’est un modèle. Ce qui m’intéresse tout particulièrement, c’est pourquoi cet homme souffre de TSPT. Ceci sera raconté dans le premier chapitre de ce travail.
Ce que vous dévoilez pour Résidences croisées est donc le chapitre II ?
Oui, tout à fait et je peux ajouter qu’il y aura un troisième chapitre. Je peux le dire d’emblée : ce bénéficiaire a été abusé dans son enfance. C’est la source de sa détresse. Je me documente actuellement sur le sujet pour réfléchir à la façon dont je raconterai cela dans le premier chapitre. En annonçant un troisième chapitre, j’injecte un peu d’espoir dans cette histoire de vie si douloureuse.
Est-ce le sujet qui vous a amené à choisir le noir et blanc pour cette série ?
Lorsqu’on souffre de dépression, on ne ressent que de la tristesse et les couleurs de la vie semblent avoir disparu. Je dois toutefois préciser qu’au départ, je voulais utiliser la photo couleur, mais je n’étais pas du tout satisfait de la façon dont la lumière a réagi sur le décor. Dans la version complète, je passerai à la couleur, mais surtout, je ferai construire un décor avec des couleurs bien précises en harmonie avec les habits, la carnation du modèle, les objets, etc. Je travaille comme un Japonais : j’aime planifier chaque détail.
Propos recueillis le 4 septembre 2023